Mise à jour sur l’intimidation et le harcèlement menés contre une philosophe féministe par l’Université de Bristol (et autres textes)

Cher.e.s toutes,

J’espère que vous allez bien.

Nous avons obtenu le droit à une audience de deux heures au tribunal le 17 novembre. Voici une mise à jour générale en attendant.

Ordonnance précédente « de suspension » et questions de divulgation

Le juge examinera un certain nombre de demandes faites par les deux parties, y compris une deuxième ordonnance de suspension que nos avocats ont dû déposer contre l’Université de Bristol. La plupart des demandes ont trait aux problèmes de divulgation que nous avons rencontrés et à la façon dont les manquements de l’Université dans ce litige affectent (je crois intentionnellement et délibérément) notre calendrier.

La partie défenderesse a eu recours à certaines manigances pour empêcher l’octroi de notre première ordonnance à moins que, cette fois-ci, au lieu de faire semblant de collaborer, l’université dira carrément au juge qu’elle n’a pas envie de se conformer à l’Ordonnance d’Instructions qui a déjà été accordée par un autre juge en avril 2021. Notre affaire a été lancée en juin 2020, nous sommes en octobre 2021 et l’université se bat toujours activement pour empêcher que les informations concernant le traitement qu’elle m’a réservé soient divulguées au tribunal (et éventuellement dans le domaine publique). Qu’est-ce qu’ils cachent ? Pourquoi ont-ils si peur que tout cela soit révélé ?

De toute évidence, notre partie est un livre ouvert. Mes avocats sont brillants. Je suis très satisfait de mes trois avocats et j’ai confiance en leur expertise et en leurs efforts. Ils se conforment toujours à tout ce que le tribunal nous demande et nous sommes transparents sur tout ce que nous faisons. À ce stade, il n’y a absolument rien (pas un seul document ou élément de preuve) que l’Université de Bristol m’ait demandé et que j’aie refusé de fournir. Ainsi, le 17 novembre, nous tous (leurs avocats, mes avocats, le juge et moi-même) resterons assis pendant deux heures entières à nous concentrer sur l’incapacité de l’université à fournir les informations demandées.

Débat sur les « guerres du genre » menées dans le monde universitaire

En dehors de cela, comme vous le savez peut-être, il existe enfin une conversation nationale en cours sur les brimades, le harcèlement et l’intimidation dont sont victimes les féministes dans le milieu universitaire. Lors de la conférence FiLiA 2021 du week-end dernier, j’ai présidé une table ronde avec les étudiantes Diana Barrera Moreno (Women Talk Back), Nicole Jones (XX Feminist Netword) et les professeures Jo Phoenix (Open University) et Selina Todd (Oxford University) sur la « guerre du genre » menées dans le monde universitaire. Le panel s’est concentré sur la résistance populaire des étudiantes et des professeures qui s’opposent à l’orthodoxie du genre dans les universités britanniques.

Bien qu’elle n’ait pas été présente, à la fin du débat, les centaines de participantes ont ovationné la professeure Kathleen Stock. À l’université du Sussex, la professeure Stock a fait l’objet d’une campagne d’intimidation de la part de certain.e.s étudiant.e.s, du personnel et de son propre syndicat qui s’opposent à son travail féministe basé sur la réalité matérielle. (Nous nous sommes également amusées à danser sur « Material Girls » de Madonna en son honneur lors de la soirée dansante réservée aux femmes de la FiLiA). Vous pouvez écouter ici le podcast FiLiA que j’ai fait avec elle sur son travail et le ciblage dont elle a écopé.

Comme Selina Todd, Kathleen Stock a été invitée par la police à se faire accompagner par des gardes du corps lorsqu’elle donne des conférences sur le campus, parce que leur établissement a laissé ce climat toxique atteindre un point d’ébullition où les étudiants se sentent autorisés à l’attaquer pour ses opinions tout à fait légales (et pleines de bon sens). C’est inacceptable et c’est le résultat direct de la culture d’indifférence et/ou de complicité adoptée par les directions des universités qui ont permis à leurs despotes en herbe d’agresser systématiquement des féministes sur les campus.

L’article du Sunday Times

Hier, le Sunday Times a publié un article intitulé « 200 universitaires parlent de menaces de mort et d’abus alors que la bataille fait rage pour la liberté d’expression », où l’on retrouve les voix de chercheuses féministes qui ont été victimes d’intimidation. Je suis reconnaissante que ces personnes m’aient contactée et qu’elles aient inclus ma voix dans cet article car on oublie parfois que les étudiantes sont souvent les premières à être ciblées par leurs pairs, qu’elles sont donc plus sensibles à la pression des pairs et que, en tant que chercheuses en début de carrière, elles se sentent souvent plus obligées de se conformer pour avoir une chance de faire carrière.

En ce qui concerne la campagne d’intimidation et d’abus, y compris le ciblage pendant des années par des étudiants portant une cagoule à l’université de Bristol, j’ai déclaré au Sunday Times : « La plupart des personnes agressées par des militants trans se taisent, car si vous déposez une plainte, vous subissez la campagne de menaces que j’ai vécue. Je veux un jugement d’un tribunal qui pourrait servir de moyen de dissuasion à toutes les universités pour leur faire comprendre que la traque des féministes dans le milieu universitaire est inacceptable et illégale. »

Personne ne devrait subir des brimades, du harcèlement et de l’intimidation, alors je suis de tout cœur avec Kathleen. Personne ne devrait subir d’intimidation, de harcèlement ou d’intimidation, alors je suis de tout cœur avec Kathleen. Ces dernières semaines ont été difficiles parce qu’il est surréaliste d’assister à cette prise de conscience nationale sur quelque chose que j’ai moi-même enduré (à plus petite échelle) il y a presque quatre ans. Pendant la majeure partie de cette période, les avocats de l’université m’ont contrainte à la confidentialité et m’ont empêchée de parler de ce qui se passait. Je me sentais immensément seule. Il est déshumanisant que l’on m’ait fait subir cela quelques semaines après le début de mon programme de doctorat et en tant qu’immigrée nouvellement arrivée dans un pays où je n’avais pas de famille et où je ne connaissais personne d’autre que ma directrice de thèse. J’espère que Kathleen se sent moins seule, mais il faut que tout cela cesse.

Toutes ces femmes de notre panel académique et la Professeure Stock ont besoin d’un meilleur soutien et de voir leurs droits déjà établis respectés. Pourtant, université après université après université, et même des syndicats, ont plié sous la pression des tyrans qui s’intitulent transactivistes. Dans notre cas, l’université de Bristol est heureuse de gaspiller plus d’un an de temps du  tribunal, y compris les deux heures de l’audience du 17 novembre, en recourant à des faux-fuyants et à des manigances lâches pour justifier le climat toxique qu’elle a déjà créé.

Si vous avez quelques minutes, veuillez lire ou visionner le premier discours que Kathleen Stock a prononcé à ce sujet pour l’organisation de campagne féministe Woman’s Place UK, intitulé  « A Woman’s Place is Turning the Tide » à Brighton le 28 juillet 2018.

La vidéo de cette conférence est maintenant en ligne au https://www.youtube.com/watch?time_continue=29&v=bg4_E6Y4POc

et elle a été traduite par la collective féministe TRADFEM

https://tradfem.wordpress.com/2018/07/23/allocution-de-la-philosophe-kathleen-stock-a-brighton/ ).

Comme toutes les femmes de notre panel d’universitaires FiLiA, vous découvrirez une chercheuse féministe réfléchie, sensible et puissante qui a enduré trop de choses, pendant trop longtemps, inutilement.

Je fournirai plus d’informations sur ce dossier après l’audience du 17 novembre.

Bonne chance Kathleen!

Raquel Rosario Sanchez

Texte traduit par TRADFEM

https://tradfem.wordpress.com/2021/10/18/mise-a-jour-sur-lintimidation-et-le-harcelement-menes-contre-une-philosophe-feministe-par-luniversite-de-bristol/

Kathleen Stock est l’autrice du bestseller MATERIAL GIRLS: Why Reality Matters for Feminism, publié en mai 2021 par FLEET.

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À propos du traitement honteux de la professeure Kathleen Stock par ses collègues de l’Université du Sussex

Il est incroyablement téméraire de cibler une femme de cette manière

Les syndicats sont censés défendre les personnes qui sont victimes d’intimidation au travail. Mais cela ne s’applique manifestement pas à l’University and College Union, une organisation tellement imprégnée d’une idéologie sexiste extrême que sa branche du Sussex a décidé de se joindre aux attaques contre une professeure de philosophie.

La semaine dernière, des affiches sont apparues sur le campus de l’université du Sussex, demandant le renvoi de la professeure Kathleen Stock. Au milieu d’une ignoble collection d’insultes, ces placards la décrivaient comme « l’une des pires transphobes de cette île misérable (le Royaume-Uni), épousant une version abâtardie du féminisme radical ».

À une époque où la violence à l’égard des femmes fait la une des journaux, il est incroyablement imprudent de cibler une femme de cette manière. Il n’y a pas si longtemps, les responsables syndicaux et ses collègues se seraient précipités à la défense de la professeure Stock, condamnant la campagne menée par un groupe comme une tentative délibérée de la chasser par intimidation du campus – et une attaque contre la liberté d’expression.

Mais ce n’est plus le cas. L’UCU est tellement coincée dans ce dossier que sa filiale locale a publié une déclaration ruisselante de grands sentiments – « nous nous opposons à toutes les formes d’intimidation, de harcèlement et d’intimidation du personnel et des étudiants » – avant de se ranger fermement du côté des personnes qui persécutent la professeure Stock. Leur texte continue en réclamant une « enquête urgente » sur la « transphobie institutionnelle » à l’université – une affirmation faite, comme toujours, sans le moindre début d’une preuve.

Il s’agit d’une technique familière aux féministes comme Kathleen Stock qui ont été vicieusement diffames par des transactivistes et même, dans le cas de l’écrivaine Julie Bindel (« Feminism for Women »), agressées physiquement alors qu’elles quittaient une réunion dans une autre université. Ce procédé s’intitule DARVO (pour « deny, attack, reverse victim and offender » – NIER, ATTAQUER, INVERSER VICTIME ET ASSAILLANT), et les trans-extrémistes trans l’utilisent en permanence pour dénigrer leurs critiques. Aujourd’hui, il est utilisé contre une femme pour qui, de toute évidence, le campus n’est plus un environnement de travail sûr.

C’est la contradiction réside au cœur du trans-extrémisme trans : il n’est plus sûr pour les femmes de réclamer des espaces non mixtes qui nous protègent d’une épidémie de violence masculine. L’idéologie du genre promeut le mensonge, trop facilement accepté par une partie des médias, selon lequel les trans-extrémistes sont menacés par les féministes, et non l’inverse. Les féministes qui écrivent des livres, comme Kathleen Stock et Helen Joyce, organisent des réunions et portent des rubans aux couleurs des suffragettes… n’est-ce pas terrifiant ?

Les résultats de l’acceptation de ce mensonge ne sont maintenant que trop évidents. Dans l’une des plus grandes universités du pays, une femme au travail remarquable ne peut plus risquer de se rendre à son bureau, alors que l’institution même qui devrait la défendre demande qu’elle fasse l’objet d’une enquête. Ce devrait être un tournant – et les dirigeants de l’UCU, en supposant qu’il s’agisse d’une femme, ne peuvent plus se permettre de se rendre à son bureau. N’est-ce pas terrifiant ?

Les résultats de l’acceptation de ce mensonge ne sont maintenant que trop évidents. Dans l’une des plus grandes universités du pays, une femme au travail remarquable ne peut plus risquer de se rendre à son bureau, alors que l’institution même qui devrait la défendre demande qu’elle fasse l’objet d’une enquête. Ce devrait être un tournant – et ceux qui dirigent l’UCU, en supposant qu’il y en ait vraiment, devraient avoir honte.

Joan Smith

Traduit par TRADFEM

VERSION ORIGINALE: https://unherd.com/thepost/the-disgraceful-treatment-of-kathleen-stock/

https://tradfem.wordpress.com/2021/10/12/9319/

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Déclaration de Mme Kathleen Stock, lue in absentia lors de la conférence intitulée « Hate, Heresy and the Fight for Free Speech », Battle of Ideas, samedi 9 octobre, au Royaume-Uni

Je suis philosophe universitaire à l’Université du Sussex, féministe, et j’ai écrit sur des questions controversées concernant le sexe biologique, l’identité de genre, les droits des femmes et les revendications transactivistes. J’avais espéré m’adresser à vous personnellement lors de cette session, et je suis vraiment désolée de la manquer. Malheureusement, les événements survenus sur mon campus cette semaine m’en ont empêchée. Depuis le début de la semaine, je fais l’objet d’une campagne de harcèlement, explicitement destinée à me faire renvoyer pour mes opinions académiques. J’en ai eu la première impression lorsque j’ai trouvé des autocollants dans tout mon bâtiment parlant de la « merde transphobe qui sort de la bouche de Kathleen Stock ». Le lendemain, je suis tombée sur des affiches qui me nommaient, me diffamaient et demandaient mon renvoi, placardées sur mon chemin vers le campus. Les choses ont dégénéré à partir de là et maintenant la police est impliquée et traite cela comme du harcèlement.

La personne qui fait cela n’est pas du tout typique du type d’étudiant de Sussex auquel j’enseigne normalement. La plupart de mes étudiants sont les mêmes qu’ils ont toujours été : curieux, idéalistes, perspicaces, passionnés, pleins d’idées brillantes, désireux de faire ce qu’il faut, et très amusants auxquels enseigner. Mais ce qui a changé sur le campus au cours de la dernière décennie, c’est la façon dont la technologie – et plus particulièrement les médias sociaux – a permis à quelques étudiants aux tendances totalitaires d’avoir un effet de censure disproportionné sur les autres. Les jeunes ont maintenant peur de dire ce qu’ils et elles pensent. Dans une étrange inversion de la devise des suffragettes « des actes, pas des mots », sur les campus et dans la vie de la classe moyenne en général, on insiste intensément sur les mots et non sur les actes. Si vous vous trompez de mot, vous risquez une humiliation sociale, de la pire espèce : celle qui implique que vous êtes une mauvaise personne.

La culture universitaire est également différente de nos jours   grâce à l’introduction des droits d’inscription et aux classements fortement basés sur des mesures de « l’expérience de l’étudiant », elle s’oriente vers une approche pastorale, parentale et de cocooning, du moins superficiellement. Des organisations ralliées sous le slogan EDI (Égalité Diversité et Inclusion) bombardent le corps enseignant et les étudiants d’initiatives comme le fait de surveiller de près le matériel pédagogique afin de détecter tout langage « insensible », l’exigence de faire preuve de « gentillesse » et d’« inclusivité », l’émission d’avertissements, le fait de « dénoncer » les injustices perçues, le fait d’être un « spectateur actif » et d’autres instructions fortement moralisatrices et nébuleuses qui, bien entendu, peuvent être interprétées de manière très différente selon des sensibilités subjectives. Si, en tant qu’universitaire ou étudiant.e, vous exprimez une hésitation à l’égard de l’une ou l’autre de ces initiatives, vous êtes instantanément taxé.e de manque d’éthique et de mauvaises motivations. Le discours devient de plus en plus tendu, et l’impact évidemment préjudiciable sur la valeur de la liberté académique semble être ignoré par beaucoup de gens. C’est de ce terrain fertile qu’ont surgi mes étudiants harceleurs.

D’après mon expérience, de nombreux universitaires nient l’existence d’un problème de liberté d’expression dans le monde universitaire. Pour certains d’entre eux, c’est parce que leurs propres idées sont tout à fait banales pour la discipline dans laquelle ils travaillent, de sorte qu’ils n’ont jamais eu à remarquer le problème. Pour d’autres, c’est parce que, comme les étudiants, ils sont également pris dans un moment culturel moralisateur, autoglorifiant et polarisé, et qu’ils considèrent tout désaccord comme un signe instantané de caractère mauvais et corrompu. « Bien sûr, quelqu’un comme ELLE ne devrait pas avoir de tribune », disent-ils. « C’est une mauvaise personne ». Affaire classée.

Il s’agit d’une vision du monde remarquablement instrumentale et intéressée, qui signifie que vous n’avez jamais à examiner de manière critique vos idées préconçues ou à justifier votre propre position, et qui, d’après mon expérience, vous fait perdre des neurones à chaque minute. Si nous voulons sauver le monde universitaire de cette moralisation rampante, nous devons nous battre farouchement, collectivement, pour préserver un certain espace entre nos faits et nos valeurs.

Kathleen Stock

Version originale https://kathleenstock.com/statement-read-in-absentia-h/

https://tradfem.wordpress.com/2021/10/10/kathleen-stock-commente-la-guerre-menee-contre-elle-a-luniversite-dessex/

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Allocution de la philosophe Kathleen Stock à Brighton

La philosophe britannique Kathleen Stock s’est adressée il y a quelques jours à un auditoire réuni à Brighton par l’organisation féministe A Woman’s Place UK pour discuter des droits des femmes et des transfemmes. Elle nous a accordé la permission de traduire et afficher les Notes préparatoires à ses propos, qualifiés d’inacceptables par un lobby qui a cherché à empêcher par des pressions et du piquetage la tenue de cette conférence. Jugez-en, et veuillez diffuser ce texte dans votre réseau si vous en aimez la qualité.

La vidéo de cette conférence est maintenant en ligne : https://www.youtube.com/watch?time_continue=29&v=bg4_E6Y4POc

On trouvera plus bas une entrevue de Mme Stock accordée à un journal local.

 

Bonjour à toutes et à tous.

Je suis universitaire à l’Université du Sussex, au département de philosophie.

L’un de nos domaines est celui de la philosophie politique, le fait de discuter de ce qui est juste ou injuste dans les conventions sociales et politiques, y compris les lois. Avoir des opinions, mais aussi soutenir ces opinions avec des arguments rationnels.

Au cours des derniers mois, j’ai décidé de faire un peu de philosophie politique publique. J’ai commencé à écrire sur les problèmes que posent des changements proposés à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle, et sur leur interaction avec la Loi sur les égalités.

J’ai affiché une série d’essais sur la plate-forme Medium, qui se trouve facilement en cherchant mon nom et le mot « Medium », ou en cliquant sur le tweet épinglé en haut de mon fil Twitter. J’ai aussi écrit un certain nombre de textes pour le journal The Economist, qui sont aussi épinglés sur mes pages Internet.

J’énonce clairement dans mes écrits que j’appuie entièrement les droits des personnes trans à vivre sans subir de violence, de discrimination ou de haine.

Je tiens également à faire la distinction entre les transactivistes et les personnes transgenres.

Par « transactivistes », je désigne des organisations comme Stonewall, Gendered Intelligence, etc., qui sont socialement très visibles, politiquement puissantes et ont beaucoup d’argent. Elles ont un message politique central, assez simpliste. Elles promeuvent agressivement le mantra « les transfemmes sont des femmes », qui signifie apparemment pour elles « littéralement des femmes, dans tous les sens possibles », et elles sont partisanes du critère d’auto-identification. Il est important de noter que ce ne sont pas toutes les personnes trans qui sont d’accord avec ces organisations ou considèrent qu’elles parlent en leur nom.

Un des thèmes de mes écrits concerne les conflits d’intérêts possibles entre deux groupes, dans une société qui est déjà sexiste :

  • d’une part, les femmes biologiques, en tant que catégorie de personnes

  • de l’autre, les transfemmes auto-identifiées.

Des conflits d’intérêts se produisent entre des groupes lorsqu’on accorde à un groupe quelque chose qui enlèverait quelque chose d’important à un autre. De tels conflits sont une caractéristique standard de la vie sociale et politique : pour prendre un autre exemple familier, les groupes religieux d’une société peuvent être en conflit d’intérêts avec des groupes laïques.

Les transactivistes voudraient vous amener à croire qu’il n’y a pas de conséquences importantes ou de conflits d’intérêts pour les femmes biologiques si les transfemmes auto-identifiées sont acceptées comme des femmes au sens propre dans tous les contextes possibles. Je ne crois pas que ce soit vrai.

Je pense qu’il existe certaines autorisations, protections et ressources qui, si elles sont accordées aux transfemmes sur une simple autodéclaration, enlèvent quelque chose aux femmes biologiques ; et, en raison du sexisme, elles enlèvent en fait des choses qui sont DÉJÀ déficientes.

Par exemple :

– Prenons la sécurité des femmes concernant la violence sexuelle (qui est déjà déficiente) ; si les espaces non mixtes réservés aux femmes, des endroits où elles se déshabillent ou dorment, se trouvent à être réduits ou même supprimés, cela risque de réduire la sécurité des femmes biologiques, qui ont besoin de ces espaces pour protéger leur sécurité et leur intimité.

– Ou prenons la représentation politique des femmes (encore une fois déjà déficiente) : si les listes restreintes réservées aux femmes pour des postes de députés sont ouvertes aux transfemmes, comme elles l’ont été au Parti travailliste, alors cela réduit les possibilités déjà limitées de représentation politique des femmes.

On peut faire le même type d’observations au sujet du sport féminin ou de la représentation féminine dans les médias.

Si les ressources dans un domaine particulier souffrent déjà de lacunes, en raison d’une société sexiste, leur ouverture aux transfemmes les rendent encore plus limitées.

Si les transfemmes sont littéralement des femmes, non seulement au plan juridique, mais de toutes les autres façons – et plus encore, s’il suffit de s’auto-identifier pour devenir des femmes au sens propre – alors cela ne fait rien de moins que forcer la société à une refonte complète de la catégorie des femmes ; et cela a pour les femmes biologiques toutes sortes d’effets matériels, qui nécessitent une analyse attentive.

Alors voilà le genre de choses à propos desquelles j’écris. Mais ce dont je veux surtout parler ce soir, c’est d’un problème qui explique en partie pourquoi les choses que je viens de décrire échappent à une discussion conséquente.

Il s’agit du silence relatif des universitaires qui voudraient critiquer les récits mis en avant par les transactivistes.

Pour vous donner une idée de la façon dont ce silence a lieu, je vais vous parler brièvement des réactions suscitées par mon travail : gardez à l’esprit que j’ai seulement commencé à écrire à ce sujet il y a 10 semaines. Ces réactions ont pris diverses formes.

Une d’entre elles consiste en des réactions publiques colériques et agressives de la part de collègues universitaires ; par exemple :

On m’accuse de causer du tort et même des violences aux trans par mes écrits, malgré que je réaffirme constamment le droit de toutes les personnes trans à vivre sans subir de violence et de discrimination.

On me dit que j’essaie de susciter une « panique morale » à propos des transfemmes, même si je répète constamment que je ne crois PAS qu’il s’agit d’un groupe particulièrement dangereux ; je rappelle simplement que ces personnes sont de sexe masculin, et que les hommes biologiques ont en général des comportements violents envers les femmes.

On me dit que je « débats de l’existence même des personnes transgenres ». Ce n’est pas du tout ce que je fais. Je discute d’un changement proposé à la loi pour faciliter l’obtention d’un certificat de reconnaissance d’identité sexuelle. Je ne sous-entends pas qu’il faille se débarrasser complètement de la loi existante.

On me reproche de ne pas être « gentille » ou « inclusive » (il s’agit, bien sûr, de stéréotypes sexistes, et les gens me font ces critiques parce qu’ils supposent que je suis la femme aimable qui culpabilisera de ne pas être considérée comme gentille).

On me dit que je joue à « des jeux intellectuels » avec la vie des gens. (Croyez-moi : je ne suis pas le genre de personne qui affronterait toute cette hostilité pour m’amuser. Je ne suis pas une psychopathe ! Je fais cela parce que je crois que c’est très important.)

Alors voilà le genre de réactions auxquelles j’ai eu droit. Cela dit, la critique des positions de chacun est absolument normale pour les philosophes. Mais ces réactions ne ressemblent pas à la critique universitaire normale. Elles portent surtout sur ma personnalité ou les motivations qu’on me prête ; on ne s’adresse pas vraiment à mes arguments de base ou aux conflits d’intérêts dont je parle.

Plus récemment, il y a eu aussi des protestations publiques à mon sujet, par exemple sur le site Web de l’association étudiante, sur mon campus et dans la presse locale.

Je crois déceler dans tout cela certains objectifs communs :

1) m’humilier publiquement.

2) m’isoler socialement d’autres partisans de mes thèses.

Le but ultime est, bien sûr, de me convaincre de me taire.

En d’autres termes, si je généralise à partir de mon cas, l’humiliation sociale me semble être l’une des armes les plus puissantes utilisées pour bâillonner en général les universitaires qui essaient d’apporter une contribution critique sur cet enjeu.

Je crois en particulier que ce genre de réaction vise délibérément les femmes, comme moi, car on tient pour acquis que nous avons été socialisées d’une manière qui nous rend particulièrement enclines à ressentir de la honte. Les gens qui veulent que les femmes cessent de parler se servent de l’humiliation comme arme pour y parvenir. Je vois des hommes soulever certains arguments comme moi, mais ne rien subir d’équivalent comme réaction.

En tout cas, je suis heureuse de dire que cela n’a pas fonctionné : je ne ressens aucune honte de ce que j’ai écrit. Je crois qu’il s’agit de propos justes et importants. Et je suis absolument convaincue que je devrais avoir le droit de dire ces choses sans subir d’attaques personnelles et de harcèlement.

Cependant, je tiens à poser une question : quelles sont les conséquences matérielles de ce type d’environnement pour les universitaires, de façon plus générale ? Eh bien, une de ces conséquences est que ces personnes ne se sentent à l’aise de parler qu’en privé, ou parfois de façon anonyme. Si elles en parlent sur Internet, ce sera parfois sous un pseudonyme. Mais plus souvent, elles garderont le silence. Depuis que j’ai commencé tout cela, j’ai littéralement arrêté de compter les courriels que j’ai reçus de collègues qui m’assurent de leur sympathie, mais n’osent pas exprimer leurs idées publiquement.

Donc : parce que la plupart de mes collègues gardent le silence, je vais maintenant énumérer quelques domaines de recherche où la discussion, l’analyse et l’observation semblent manquer actuellement ; ce qui a un grave impact sur l’état du débat public à propos du sexe et du genre.

En premier lieu : le droit.

De la part des juristes, nous avons besoin, entre autres, d’une discussion publique sur l’interaction ambiguë de la Loi sur les égalités avec la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle. Mais plus fondamentalement, nous avons besoin d’une clarification publique du fait que le droit ne peut pas changer la biologie. Vous pouvez, bien sûr, changer légalement de sexe avec un certificat de reconnaissance d’identité sexuelle, mais les législateurs n’ont jamais eu l’intention de se prononcer par là sur la biologie ou, d’ailleurs, sur la nature de la féminité non plus. À mon sens, c’est ce qu’on appelle une « fiction juridique » et c’est un terme technique : c’est-à-dire que l’intention de cette loi était que les transfemmes soient traitées comme les personnes de leur sexe de préférence pour certaines fins juridiques définies. Mais cela est complètement différent du nouveau mantra selon lequel « les transfemmes sont des femmes » dans tous les contextes possibles.

Parlons ensuite du domaine de la médecine et de la biologie.

Désormais, certaines personnes croient apparement que les transfemmes peuvent être biologiquement des femmes, du fait de prendre des hormones. En fait, être biologiquement de sexe féminin implique d’avoir des chromosomes XX, ainsi que la totalité ou une partie d’un ensemble de caractéristiques sexuelles primaires. C’est un peu plus complexe chez les personnes qui sont nées intersexuées, mais cette exception n’est aucunement pertinente pour quiconque est né de sexe biologique masculin et commence, plus tard, à prendre des hormones. Si les universitaires n’en arrivent pas à rappeler ce fait plus clairement, le public deviendra de plus en plus confus. Nous perdrons une puissante explication de l’oppression des femmes basée sur le sexe ; nous perdrons également la capacité de parler de la santé et de la reproduction des femmes, et de bien d’autres choses encore. Par exemple, j’ai vu l’autre jour un message sur Internet selon lequel les transfemmes pouvaient avoir des règles. Et ce message affichait plus de 1000 « J’aime ».

Parlons maintenant de l’histoire.

Les transactivistes ont tendance à réécrire les récits d’histoire, pour y déceler ce qu’ils appellent des personnes trans (leur priorité), alors même qu’on peut soutenir que ce concept « trans » n’a vraiment émergé que dans les années 1990. Cette année, par exemple, j’ai dû voir des centaines de fois l’affirmation qu’une « transfemme », Marsha P Johnson, avait « lancé » l’émeute de Stonewall en 1969 à New York. (Ce soulèvement a contribué à catalyser l’activisme entourant les droits des homosexuels.) Mais cette affirmation au sujet de Marsha Johnson apparaît inexacte à deux égards :

a) de son propre aveu, Johnson n’est arrivé sur place qu’après le début de l’émeute ; en fait, ce soulèvement a été amorcé par une lesbienne butch, Stormé Delaverie, même si on mentionne rarement son nom.

Et, fait tout aussi important :

b) Marsha s’identifiait comme homme gay et drag queen.

J’aurais pensé que des historiens ayant un souci de vérité voudraient s’atteler à ce problème.

Passons maintenant à la psychologie :

Dans les discussions sur les espaces non mixtes, on voit souvent des statistiques sur la vie des transfemmes utilisées pour justifier politiquement l’idée que celles-ci devraient avoir accès aux espaces réservés aux femmes. On utilise par exemple à cette fin des chiffres sur les taux de violence contre les personnes trans, les crimes haineux, les tentatives de suicide, etc.

La plupart des statistiques citées proviennent de sondages téléphoniques ou par Internet commandés par des organisations comme Stonewall. Les résultats sont ensuite interprétés dans les communiqués de presse de cette organisation et utilisés sans réserve pour étoffer des reportages ; ils sont même cités par des membres du gouvernement pour décider des politiques. J’aimerais voir un examen critique de ces statistiques et, idéalement, des études universitaires qui ne soient pas financées par des organismes communautaires ayant un intérêt direct dans leurs résultats (de la même manière que le risque de partialité est discuté ouvertement en ce qui concerne les essais de médicaments financés par des sociétés pharmaceutiques). Nous devons nous renseigner sur la vie des personnes trans, tout comme nous devons nous renseigner sur la vie des femmes, et nous avons besoin d’universitaires pour faire correctement ces observations et ces analyses.

Je vais terminer en parlant de mon propre domaine, la philosophie. Elle traite des distinctions conceptuelles et des analyses précises. Ce serait d’une grande aide pour la conversation publique si les philosophes pouvaient parler plus librement, en abordant toutes les perspectives, plutôt que de s’en tenir à une seule. En voici juste quelques exemples.

La philosophie peut nous aider à comprendre une distinction entre i) un droit fondamental des personnes et ii) un moyen de réaliser ce droit. De sorte que, pénétrer dans un espace créé pour protéger des femmes n’est pas un droit fondamental pour une transfemme. Mais c’est un droit fondamental pour les transfemmes de ne pas subir de violence. La revendication d’accès aux espaces réservés aux femmes est une proposition de solution pour réaliser le droit de ne pas subir de violence, mais ce n’est pas la seule façon d’y arriver.

La philosophie peut aussi nous aider à comprendre la différence entre ce que l’on appelle « mégenrer délibérément » une personne trans (c-à-d. la désigner comme un homme), d’une manière insultante, et parler de la réalité biologique et politique des femmes. Il faut qu’il existe un contexte dans lequel il est permis de parler des femmes, en tant que telles, sans que cela constitue une insulte pour d’autres personnes. Si on nous prive de mots pour décrire les différences entre les femmes et les transfemmes, alors nous ne pouvons plus nommer nos propres corps, nos vécus et notre oppression.

La philosophie peut aussi nous aider à examiner ce qu’est une « lesbienne ». La catégorie des lesbiennes peut-elle inclure une transfemme préopératoire, dotée d’un pénis, qui est exclusivement attirée par des femmes ? Les transactivistes répondent oui ; beaucoup de lesbiennes, y compris moi-même, répondons non – pas parce que nous sommes mesquines, mais parce que nous avons besoin d’une catégorie pour l’orientation homosexuelle entre femmes (l’attraction du même sexe). Cette catégorie a une fonction politique et conceptuelle. Si nous la rejetions, nous devrions simplement la réinventer à nouveau.

Voilà donc quelques-unes des questions d’ordre universitaire qui doivent être abordées dans ce débat.

Pourquoi faut-il que les universitaires possédant des compétences s’expriment dans ces domaines ? Je peux penser à trois raisons, et je vais terminer avec elles.

La première, au risque d’être barbante, c’est que les faits sont importants et devraient compter avant tout pour les universitaires. La vérité compte. Si la plupart des universitaires qui ont des compétences se voient réduire au silence, ou se l’imposent, nous nous retrouvons avec un récit unilatéral, sans parler d’affirmations et de théories débridées, inexactes et confuses, parce que presque personne n’est là pour les corriger. Cette situation nuit déjà aux femmes et risque même de porter éventuellement préjudice aux personnes trans. Beaucoup de trans s’inquiètent en effet de la tendance du discours dominant. Ils et elles craignent que tout cela ne se termine par une réaction violente à leur encontre.

La deuxième raison pour laquelle les universitaires doivent s’exprimer, c’est que nous devons donner l’exemple. Beaucoup de jeunes aujourd’hui – pas seulement des universitaires, mais aussi des enfants et des adolescent-e-s – fréquentent Internet. Et plusieurs éprouvent une impression d’étouffement, et même de crainte, quant à ce qu’elles et ils peuvent dire ou ne pas dire à propos des enjeux politiques et éthiques. Ces jeunes ont leurs propres opinions et leurs réflexions personnelles, mais ressentent une répression et ont peur de dire la mauvaise chose ; ils et elles sont encore plus sensibles à la culpabilisation sociale que les adultes. On voit se développer des phénomènes de comportement grégaire et de pensée unique. Si les universitaires ne font pas de leur mieux pour montrer au monde ce que peut être une discussion mesurée et nuancée sur le sexe et le genre, et comment gérer calmement les désaccords, nous échouons à nos responsabilités envers ces jeunes.

La dernière raison pour laquelle les universitaires ont besoin de s’exprimer est que, sans exagération aucune, ce climat de peur permet à des tendances fascistes de croître socialement. Le traitement que subit A Woman’s Place UK jusqu’à maintenant – le harcèlement des salles qu’elle loue et de ses sites de billetterie, la menace d’une bombe, les menaces proférées sur les médias sociaux, les manifestations parfois violentes (et même le piratage de mon compte de messagerie aujourd’hui !) – ne devraient pas se produire dans une société libre et démocratique. Des femmes qui se réunissent pour discuter de la loi et de la façon dont elle les affecte sont délibérément intimidées. Les universitaires sont censés être un élément clé de la société civile, dans un pays soi-disant démocratique, et franchement, il est temps qu’ils et elles se montrent à la hauteur de ce rôle.

Version originale : https://medium.com/@kathleenstock/notes-for-my-talk-to-a-womans-place-uk-brighton-17th-july-2018-f1b607414119

Texte intégral d’une interview accordée par Madame Stock au Brighton Argus en marge de sa conférence

1) Pourquoi est-il important de discuter des changements proposés à la Loi sur la reconnaissance de l’identité sexuelle ?

La proposition de passer à une auto-identification dans le processus légal de changement d’identité sexuelle doit être discutée, en partie à cause du problème des espaces non mixtes, où des femmes se déshabillent ou dorment. Ces espaces ont été conçus à l’origine pour protéger la dignité, l’intimité et la sécurité des femmes et des filles de sexe féminin. Des organisations telles que Youth Hostelling Scotland, Topshop, Caledonian Sleeper, Girl Guiding UK et certaines prisons pour femmes admettent déjà dans ces espaces des transfemmes qui se disent femmes. Beaucoup de transfemmes conservent les organes génitaux masculins et une attirance sexuelle envers les femmes. Si le changement d’identité sexuelle se fait par « auto-identification », cela rendra en pratique cette transition beaucoup plus facile et amènera un plus grand nombre de transfemmes dans les espaces réservés aux femmes, à moins que la loi ne les en exclue spécifiquement. Cela signifie également qu’il sera de plus en plus difficile pour les femmes d’exclure n’importe quels hommes, transgenres ou non, parce que, dans la pratique, elles pourraient ne pas être en mesure de faire la différence en se basant sur leur apparence. Cela expose les femmes à des risques face aux hommes prédateurs qui pourront vouloir profiter de cette échappatoire. Pendant ce temps, la Loi actuelle sur les égalités est source de confusion pour les gens et n’aide pas à régler ces problèmes. Je pense que tout cela devrait être discuté ouvertement, en écoutant toutes les personnes touchées, y compris les femmes.

2) Avez-vous subi un retour de bâton de la part de la communauté LGBTQ sur ce sujet ou sur tout autre problème ?

Non. J’affirme volontiers et très clairement les droits des personnes trans de vivre leur vie sans crainte, violence, harcèlement ou discrimination. Je pense que discuter des droits des femmes est compatible avec la défense de ces droits des trans.

En tant que lesbienne, je suis également préoccupée par les droits des lesbiennes. Je trouve particulièrement inquiétant le fait que l’on appelle « lesbiennes » des transfemmes, munies d’organes génitaux masculins, et ce que cela signifie pour les femmes lesbiennes. Je pense que cela aussi a besoin d’être discuté.

3) Fox Fisher [qui est transactiviste et a aussi répondu à des questions de l’Argus] croit que cette conférence a pour but de créer une panique morale, qu’il n’y a rien à résoudre ou à discuter puisque les transfemmes ne posent aucune menace pour les « femmes cis ». Qu’en pensez-vous ?

Je ne dis certainement pas que les transfemmes sont particulièrement dangereuses ; elles ne le sont définitivement pas. La plupart des personnes trans respectent la loi et ne songeraient jamais à blesser personne. Cependant, de nombreuses transfemmes demeurent des hommes ayant des organes génitaux masculins, beaucoup sont attirées sexuellement par les femmes, et ces personnes ne devraient pas avoir accès sans la moindre restriction à des endroits où les femmes se déshabillent ou dorment. Il nous faut discuter de cette question.

4) Fox estime également profondément préoccupant que l’une des enseignantes de l’Université (du Sussex) s’oppose aussi ouvertement aux droits des personnes trans et plaide contre leur inclusion, en ajoutant que « le fait de devoir assister à des cours ou travailler avec quelqu’un qui veut ouvertement vous refuser vos droits fondamentaux est incroyablement stressant et préjudiciable ». Qu’en dites-vous ?

Je soutiens les droits de trans et j’ai travaillé avec beaucoup de bonheur et de manière très productive avec des élèves trans pendant de nombreuses années. Cette question n’a rien à voir avec quelque personne transgenre particulière ; il s’agit d’un problème structurel général dans notre société et de la façon d’y faire face. Je n’enseigne pas dans ce domaine et de toute façon, je n’imposerais jamais mes opinions à des élèves dans mes cours. Je les encourage à penser par eux et elles-mêmes et à être en désaccord avec moi. La philosophie consiste à explorer et à remettre en question différents points de vue, de manière respectueuse et civile.

Version originale : https://medium.com/@kathleenstock/full-text-of-interview-with-brighton-argus-45a23acfe92e

Traduction: TRADFEM

Kathleen Stock enseigne la philosophie à l’Université du Sussex. Ses essais brisent un silence qu’elle déplore au sein de cette communauté concernant les enjeux associés aux revendications transgenristes. Elle subit présentement une cabale du lobby trans : piquetage de ses cours, diffamations diverses, revendication qu’elle soit congédiée, etc. On peut lire d’autres textes traduits (ici et ici) détaillant sa position, et consulter le site medium.com/@kathleenstock ou s’abonner à son fil Twitter : https://twitter.com/Docstockk.

N’hésitez pas à parcourir et interroger en Recherche le site TRADFEM pour lire d’autres textes traduits concernant ces enjeux.

https://tradfem.wordpress.com/2018/07/23/allocution-de-la-philosophe-kathleen-stock-a-brighton/

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